María Alché : « Selon l’Université de Buenos Aires, Puan revêt un intérêt majeur pour l’institution »

María Alché est une actrice, réalisatrice, productrice argentine et mère de deux enfants. Connue pour son rôle dans La niña santa de Lucrecia Martel (2004), au programme du 25e anniversaire de FILMAR, elle présente Puan (2023). Ce dernier, coécrit et coréalisé avec Benjamín Naishtat, sera présenté en compétition pour le Prix du public. L’acteur et protagoniste argentin Marcelo Subiotto sera à Genève du 17 au 21 novembre.

17/11/2023

Par Vania Aillon et Luisa Ballin

Au Festival du film de San Sebastián, Puan a remporté le prix du meilleur scénario, tandis que son protagoniste, Marcelo Subiotto, celui du meilleur acteur. Est-il important que le film soit présenté à Genève ?

Absolument ! Il est essentiel que le cinéma latino-américain trouve une résonance auprès du public en Amérique latine et au-delà, y compris parmi les communautés vivant à l’étranger. FILMAR joue un rôle clé dans cette mise en valeur, offrant une plateforme essentielle pour que ces histoires soient partagées. Je me réjouis que Puan soit projeté au Festival.

Quel a été l’accueil du film en Argentine ?

La menace d’un nouveau gouvernement fasciste risquant de couper les fonds destinés au cinéma est réelle. Dans ce contexte, Puan résonne car il met en avant la défense de l’éducation. L’Université de Buenos Aires a déclaré à l’unanimité que ce film revêt un intérêt majeur pour l’institution. C’est inédit ! Des projections sont organisées dans de nombreux athénées. Les étudiant·e·s de l’école de cinéma se sont aussi mobilisé·e·s et ont organisé un festival de films. J’ai été invitée pour présenter La niña santa (Ndlr : projeté les 22, 24 et 26 novembre), qui reflète aussi le contexte particulier que traverse l’Argentine. C’est une chance de pouvoir échanger avec les jeunes qui vivent cette période difficile.

Pourquoi avez-vous choisi Marcelo Subiotto comme protagoniste de Puan ?

Marcelo a joué dans mon film A Família sumergida (2019). Lors des essais, il tentait des choses drôles, désopilantes, tout en finesse et en nuances. C’était, à mes yeux, le sommet de la comédie ! Très vite, j’avais envie d’écrire un film pour lui. Marcelo est un talent majeur du cinéma argentin. Benjamín aussi souhaitait travailler avec lui. Pour nous combiner la comédie, la philosophie et Marcelo Subiotto étaient une évidence.

Le film aborde avec humour des thèmes comme l’éducation, la crise économique, la désillusion des professeur·e·s et de la philosophie. Est-ce un moyen élégant d’explorer des sujets sérieux ?

Oui. L’idée était de présenter la philosophie de manière comique, en entrelaçant les idées d’Héraclite et de Platon, afin de les rapprocher du public et d’éveiller la curiosité de manière légère et non ennuyeuse.

Vous avez étudié à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Buenos Aires, située sur la rue Puan. Le lieu vous était donc familier.

Oui ! Nous avons dû entreprendre un travail considérable pour coordonner le projet avec les membres, le personnel et les élèves de l’université. L’idée était de filmer de jeunes étudiant·e·s qui assistent réellement aux cours, et non des acteur·ice·s professionnel·le·s. Cette authenticité a enrichi des scènes, notamment celles où ces jeunes manifestent dans la rue.